À l’orée des mondes, là où les racines s’entrelacent aux songes, un jardin surgit. Ici, les formes s’étirent et se métamorphosent, tissant un langage ancien que seuls les rêveurs savent entendre.
Dans cette clairière de l’invisible, des créatures naissent, mi-fleurs, mi-souffles, mi-peaux irisées. Chaque être semble osciller entre plusieurs états, s’émancipant du réel pour s’abandonner à une autre logique, celle d’une nature affranchie. Ils se transforment sous nos yeux, insaisissables, comme les fragments d’un temps suspendu.
Serait-ce un retour aux origines ou bien un jaillissement vers un ailleurs possible ? Les couleurs vibrent comme la poussière des étoiles dispersée par un souffle ancestral, et la matière elle-même semble pulser, habitée d’une respiration secrète. On devine un dialogue intime entre le règne végétal, animal et humain — un pacte tacite, une danse d’équilibre. Rien n’a de contours fixes, et pourtant tout existe avec intensité.
Peut-être suffit-il d’entrer, de s’abandonner au vertige, et d’écouter ce que la nature murmure à l’infini. Ici, la métamorphose est une célébration. Rien n’est figé, tout s’étire vers l’inconnu. L’homme devient fleur, la fleur se fait chair, et les racines s’animent d’une mémoire oubliée.
Il existe des jardins que l’on ne traverse qu’en rêve, des territoires subtils où se rencontrent le tangible et l’impalpable, révélant ainsi des symbioses aussi fragiles que merveilleuses.
C’est dans ce lieu d’entre-deux, à la croisée des mondes, que je vous invite à pénétrer.
À travers ce voyage, je propose une autre manière d’appréhender le vivant : loin d’être perçue uniquement comme un décor ou une ressource, la nature devient ici un immense réseau de relations où chaque être vivant, quelle que soit sa forme ou son origine, participe d’une intelligence silencieuse et d’un langage singulier.
C’est incroyable de penser que chaque être vivant – qu’il ait des racines, des plumes ou des griffes, provient d’un seul ancêtre commun.
Comment cohabiter harmonieusement ? Comment restaurer cette sensibilité originelle qui nous permet de ressentir chaque être vivant comme notre semblable ou du moins un lointain cousin ?
« Midnight Garden » se présente ainsi comme mon laboratoire artistique où la biodiversité est réinterprétée à la lumière de notre héritage partagé.
Les ramifications florales rappellent les réseaux mycorhiziens, ces mystérieux échanges souterrains indispensables à l’équilibre des écosystèmes forestiers.
Les créatures chimériques célèbrent quant à elles l’inépuisable créativité du vivant, rappelant que si nous connaissons aujourd’hui près de deux millions d’espèces, il est probable qu’une dizaine de millions d’autres demeurent encore inconnues.
En franchissant les limites habituelles de la perception, le visiteur de ce jardin nocturne accède à une réalité élargie où s’effacent progressivement les frontières traditionnelles entre sujet et objet.
Sous la lumière douce et énigmatique de cet univers réinventé, chacun est invité à adopter une posture empreinte d’humilité, de curiosité et d’écoute face à l’infini diversité du vivant.
Avec « Midnight Garden », je souhaite rappeler que nous appartenons tous au même récit originel, et que chaque forme vivante dévoile une nouvelle facette de notre existence commune.
Je vous invite à un déplacement du regard, à une reconnexion avec cette part de nous qui saurait encore écouter le langage secret des êtres qui nous entourent.
Il est bientôt minuit, l’heure où le merveilleux affleure, où l’étrange côtoie la beauté, où le fragile devient précieux.
Bonne promenade à vous.